• Téléréalité, quelle réalité ?
S'il n'y a pas de rubrique "télé" sur brouillons de culture, ce n'est pas hasard ou quelconque oubli. Notre télé ne sert qu'en écran, support de DVD. A tel point que, quand un neveu débarque, on s'empêtre sans succès à trouver une chaîne qui fonctionne par le boîtier free. On n'a rien compris, même si on a free.
Je vais malgré tout parler de télé. Étrange choix. Pour mon 2° billet, comme pour le premier, je surfe sur un sujet étranger à mes amours. Voies indirectes que j'emprunte pour parler encore une fois de "ce qui entoure".
Mais de quoi donc ? Télé-REALITE, quand tu nous tiens ! J'aimerais revenir sur des phrases souvent entendues :
"Mais c'est au second degré, au troisième degré !"... "Je n'en rate pas une, d'émission, sauf rares exceptions, mais toujours au second degré !"... "Ben, moi je regarde, mais au second degré !"
Que de fois ces parades m'ont été servies en protestation à mon étonnement. Oui, pardon, excusez-moi, soyez clément, oui ça m'étonne qu'on puisse passer sa soirée devant ce type d'émission. J'en ai vu quelques unes pour ne pas mourir idiote. ça n'a fait qu'accentuer ma stupeur. Si ce n'est pas l'engouement qui prête main forte à la télé réalité ! Quand on sait le panel des autres occupations possibles ? J'ai encore le droit de m'étonner ? D'avoir envie d'en parler ?
Je n'écrirai pas sur la télé réalité, mais sur ces phrases ! Ces positions, ces détours par les "degrés". Au second degré ! et quoi encore ? Seule la colère me vient alors. Je n'y peux rien, un coup de sang contre ces inepties ; dangereux aveuglement ou mauvaise foi, que sais-je !
A me demander si je ne préfère pas les spectateurs qui assument leur premier degré. Ou le degré zéro. Qui regardent quoi ! Et ne se sentent pas obligés de passer pour intelligent, détaché.
Sous prétexte de second, de troisième degré, on se met (tous) à tout regarder. A récuser tout esprit critique. A minimiser. A rejeter toute réflexion par cet argument = le second degré. Comme un passe droit à n'importe quoi. Dedans et dehors à la fois. Même acabit que "c'est pour rire" et toutes ces expressions fourbes de notre langue...
A se complaire dans le spectacle du médiocre, à se gausser de ces personnages qu'un animateur malin ridiculise... ou humilie.. ou glorifie... même panier tout ça. Espace de projection : par adhésion ou en rejet. Même adhérence malgré les degrés.
Et comme si ça ne suffisait pas, on en parle le lendemain entre nous, le clan de "ceux qui regardent". Et le surlendemain. On en reparle, on rajoute du commentaire sur du blabla, comme s'il y avait matière à commenter !
Et ça créé des souvenirs, des références communes. Une "culture" ? Récits des temps modernes... l'art du spectacle serait-il tombé si bas ?
Premier, second, ou dixième degré... : si on regarde, on regarde. Pourquoi se voiler la face ?
A suivre régulièrement ces émissions, quelque chose s'installe en nous, à notre insu. Je ne peux pas imaginer le contraire. Ou alors je manque d'imagination. De second, de troisième degré.
Gracia Bejjani-Perrot