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• Livres en bref : Mon oncle Benjamin, à lire et à relire

Publié le par brouillons-de-culture.fr

OncleBenjamin.jpgIl faut lire ou relire "Mon oncle Benjamin" de Claude Tillier (Le Serpent à plumes).

 

Un roman étonnant, surprenant, détonant à chaque page. Savoureusement indispensable. Un brûlot anarchiste d'une belle vigueur, dont le film de Molinaro (en dépit d'un Jacques Brel impérial) ne rend qu'une faible idée.

 

Livre épique sur un homme qui ne croit à rien d'autre qu'en la vie. Et par voie de conséquence, ni à l'argent, ni au pouvoir, ni aux responsabilités. Picaresque, pétri d'humour, d'une belle humanité et souvent très politiquement incorrect, même de nos jours.

 

Quand je pense que cette œuvre a été écrite au 19ème siècle, par un écrivain mort dans la fleur de l'âge, j'en reste bouche bée…

 

En cherchant des illustrations à cette notule, j'ai trouvé ce bijou de vidéo : Brassens et Fallet discutant avec Michel Polac de littérature et de... Claude Tillier et de... "Mon oncle Benjamin" et de biens d'autres écrivains, dans "Les Livres de ma vie". Quelle joie d'écouter Brassens parler en ces termes de Claude Tillier et par le plus heureux des hasards.

retrouver ce média sur www.ina.fr

 

Pascal Perrot, texte

Gracia Bejjani-Perrot, illustration

 

Publié dans brèves de culture

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• Ciné en bref : et c'est ainsi qu'Hitchcock est grand…

Publié le par brouillons-de-culture.fr

Hitchcock--Alfred.jpgLa rétrospective Hitchcock continue jusqu'au 28 février. Où ça ? À la Cinémathèque. Voir le programme ICI. Une manifestation qui encourage tous les grands magasins et les éditeurs vidéos à ressortir du placard tous ses films. Et nombre de salles de cinéma à sortir leurs copies.

 

Il est surprenant que ce diable d'homme ait réussi à nous faire croire qu'il réalisait des films policiers. Car si suspense, rebondissements, escroqueries... et naturellement meurtres sont souvent présents dans ses œuvres, ils n'en sont la plupart du temps qu'un des multiples éléments. Le point central, le plus souvent, réside dans la peinture des caractères. Par exemple, dans "L'ombre d'un doute", la nature criminelle du "héros" apparaît dès les premières minutes. Le vrai sujet : les illusions de sa nièce qui le vénère, et la dislocation de la famille.

 

Films romantiques (Rebecca, les Amants du Capricorne…), psychologiques voire psychanalytiques (Pas de printemps pour Marnie, La Maison du Dr Edwards, Lifeboat, Soupçons...), humour noir (Mais qui a tué Harry ?, La Corde)..., films fantastiques ou d'horreur (Les oiseaux, Soupçons, Vertigo...) cet immense directeur d'acteurs a en réalité exploré tous les genres.

 

Et c'est paradoxalement dans ses films les moins truffés en rebondissements qu'on prend toute la mesure de l'élégance et de la précision de sa mise en scène. Ainsi que de sa singulière omniprésence. Chaque cadre, emplacement, configuration de l'image est fruit d'une réflexion personnelle de l'auteur. Hitchcock ne laisse rien au hasard. Un simple objet (bouteille de champagne, ciseaux, téléphone ou paire de lunettes) peut devenir un enjeu dramatique majeur. Et livrer nombre d'informations essentielles en une scène muette (le commencement du "Crime était presque parfait"). Caractériser les personnages avant leur apparition à l'écran, comme ces chaussures en mouvement (le début de "L'Inconnu du Nord Express")...

 

Qu'il ait entre les mains le script le plus élaboré ou le scénario le plus linéaire, il en fait une œuvre personnelle. Tout ici réside dans l'art de mettre en forme la matière, dans le traitement qu'il lui impose, source d'une manière unique de filmer. Et c'est ainsi qu'Hitchcock est grand…


Pascal Perrot, texte
Gracia Bejjani-Perrot, illustration

Publié dans brèves de culture

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• Van Hamme 3) du Chninkel à Largo Winch

Publié le par brouillons-de-culture.fr

vanhamme cover 2Comme Gaston Leroux, Van Hamme est un "ogre" littéraire, un infatigable raconteur d'histoires, enchaînant les scénarios les plus explosifs avec un bel appétit. En 86, alors que les séries XIII et Thorgal tournent à plein régime, ce stakhanoviste effréné trouve encore le temps d'accoucher de ce que beaucoup considèrent comme son Grand Œuvre : Le Grand Pouvoir du Chninkel. Une réinterprétation décalée du Nouveau Testament dans un univers d'héroic fantasy.  A priori, pas de quoi affoler les aficionados de BD. Un projet qui, avec tout autre aux commandes, eût semblé irréalisable et voué à l'échec. Ou au ridicule… Avec Van Hamme, le résultat est proprement renversant.

 

grand-pouvoir-du-chninkel-01.jpg

Un monde en proie à des guerres meurtrières, où les plus pauvres font les frais des massacres seigneuriaux. Mais le Très Haut apparaît à l'un d'entre eux. Un pauvre hère sans la moindre influence. Et pourtant, c'est à ce cœur pur et innocent que va être confiée la lourde tâche de faire entendre une parole de paix. Une mission qu'il voudra d'abord refuser. Et qu'il assumera du mieux qu'il peut, se découvrant des facultés qu'il ignorait posséder.

Chninkel.jpg

 

Pas un instant Van Hamme ne lâche son lecteur, dans un récit qui alterne avec brio l'humour et l'émotion pure. Je défie quiconque de ne pas avoir usé quelques mouchoirs avant la fin, bouleversante. Une œuvre qui fut récompensée par  le grand prix des Alpages à Sierre en 1987 et l'Alph'art du public à Angoulême en 1989.

 

En 90, Van Hamme met en branle une nouvelle série "Largo Winch". J'avoue avoir mis du temps à me pencher sur cette BD. L'histoire de ce jeune milliardaire un peu voyou, héritier d'un empire financier, ne m'excitait pas outre mesure. J'avais évidemment tort, car sitôt refermé le premier album, je me mis à dévorer le suivant.

 

largowinch 2

Tout commence par un homme d'affaires à la tête d'un des plus gros empires financiers mondiaux. Face à lui, un homme dont le visage demeure dans l'ombre. On comprend vite que l'intrus est venu pour le tuer. Et que la victime est loin d'être un enfant de chœur. Mais la série n'est pas un  whodunit à l'Agatha Christie. On connaît en fait assez rapidement le meurtrier, pas plus reluisant que le défunt milliardaire. Le pivot de l'histoire : l'héritier du groupe W. Se sachant stérile, le nabab a adopté un jeune orphelin yougoslave, auquel il a donné son nom. À défaut de l'élever lui-même, il le rencontre de temps à autre pour l'initier aux arcanes de la finance.

 

francq largo16 hfLargo est un jeune homme turbulent, un peu voyou, un peu anar, don quichotte des justes causes, plus homme d'action que businessmaker. S'il accepte de relever le défi, c'est davantage par jeu que par goût du lucre. Son style, franc et direct ne plaît pas à tout le monde…

 

On notera des points communs entre le fougueux Largo et d'autres héros de Van Hamme. Comme Thorgal thumb-largo-winch---le-personnage-de-jean-van-hamme--2303(à son corps défendant) et XIII, il plaît aux femmes. Comme XIII, il est essentiellement fidèle en amitié et son passé est obscur. Sa famille se compose également au gré des rencontres : Simon, rencontré en prison. Un déserteur israëlien, Kapman devenu son pilote privé et son plus fiable allié. La secrétaire vieille fille qui, déroutée par ses manières, donne d'abord sa démission avant de revenir sur sa décision et de se joindre à son équipe de choc. Et Cochrane, opposé aux méthodes de Largo mais le soutenant lorsque nécessaire.

 

Comme les histoires de Thorgal, chaque récit se déroule sur un seul album ou sur une série pouvant aller jusqu'à quatre. Entre son passé (il a entre autres aidé des rebelles tibétains) qui le suit et les pièges qu'on lui tend pour faire imploser son groupe, à coup d'actions légales ou illégales, Winch a du pain sur la planche. Et n'hésite pas à s'engager physiquement pour défendre les siens ; ni à tout risquer pour honorer sa parole, ou par sens de la justice. Il est demeuré, malgré les apparences, un aventurier.

 

largoVan Hamme avec la série Largo Winch surmonte un certain nombre d'obstacles. En premier lieu, faire un succès d'une série de romans de son crû qui n'a pas caracolé en tête des ventes. En second lieu, initier ses lecteurs à la haute finance (et ses explications sont claires, sans pour autant plomber le récit). En troisième lieu faire d'un milliardaire jouant sur la mondialisation, sans pitié ou presque pour ses adversaires, usant et abusant des paradis fiscaux, un personnage sympathique.

 

L'ultime grain de sable est à mon sens d'ordre graphique. Autant Rosinski et Vance possèdent une identité picturale forte, et une griffe visuelle immédiatement repérable, autant Francq est ce qu'on appelle un honnête artisan, dont le trait ne marque pas les mémoires, s'effaçant souvent derrière ses scénaristes. En dépit de tous ces handicaps, Largo Winch fonctionne et parvient à nous faire haleter à ses trépidantes aventures.

 

 

Le 16 février, sortira dans les salles le second film adapté de la série BD. Avec cette fois-ci un joker de taille : la présence de Sharon Stone au générique. Une consécration rare pour le monde des bulles. 

 



Mais ce diable à ressort de Van Hamme demeure LadyS_tt_05012006_53086.jpgtoujours aussi virevoltant et insaisissable, lançant une nouvelle série "Lady S" (6 épisodes parus depuis 2004). Le dernier Largo Winch "Mer Noire" (le 17ème) est paru il y a peu. De même que sa seconde excursion dans les mondes de E.P. Jacobs.

 

S'il est un scénariste au monde apte à reprendre en main les destins de Blake et Mortimer, à faire revivre cet univers proche de ceux des feuilletonnistes du début du XXème siècle, c'est bel et bien celui de "XIII" et de "Largo Winch".

 

Parallèlement, les enfants issus de ses œuvres continuent à vivre leur vie, de "XIII Mystery" aux "Mondes de Thorgal" qui, comme la première série, enrichit l'existence des personnages secondaires de la saga viking.

 

 

Pascal Perrot, texte

Gracia Bejjani-Perrot, graphisme

 

Publié dans avec ou sans bulles

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• Van Hamme 2) XIII, le roman-feuilleton du XXIème siècle

Publié le par brouillons-de-culture.fr

L'immense succès rencontré par Thorgal ne met pas pour autant Van Hamme à l'abri des revers. Il en connaîtra un sanglant avec la série Arlequin (dessinée par Dany). Trop sophistiquée pour les jeunes lecteurs. Pas assez pour un public plus adulte.

 

vance-vanhamme.jpg

Mais Van Hamme n'est pas homme à rester sur un flop. Une rencontre antérieure ne va pas tarder à porter ses fruits et asseoir définitivement son statut. En 76, Greg, alors directeur des éditions Dargaud, l'avait mis en contact avec William Vance, dans la perspective de reprendre la série Bruno Brazil. Mais, las de jouer les "scripts doctor" pour séries en perte de vitesse, Van Hamme ne donnera pas de second souffle au célèbre agent secret albinos. Il reste cependant en relation avec le dessinateur. D'autant plus qu'il habite à deux pas de chez lui.

 

Le dessin de Vance est aux antipodes de celui de Rosinski. Là où le second s'adonne volontiers au lyrisme et à l'onirisme, le second offre un trait précis, réaliste, d'une redoutable efficacité. L'homme idéal pour une série d'espionnage.V-Vance-J-Van-Hamme-XIII-BD

 

Elle prendra naissance en 1984. Van Hamme vient d'achever la lecture de "La mémoire dans la peau" de Robert Ludlum. Si les tribulations de Jason Bourne ne lui parlent pas outre mesure, il retiendra du roman l'idée d'un héros amnésique. Variations sur un thème ? XIII est  bien davantage que cela. Instinctivement, Van Hamme retrouve le secret des grandes séries paranoïaques qui, des "Envahisseurs" au "Prisonnier", ont bercé ma folle jeunesse.

 

Mais, au-delà des références télévisuelles évidentes, Van Hamme est de la raceXIII 3 des grands feuilletonnistes du siècle dernier. Il évoque une sorte de petit-fils caché de Gaston Leroux. Même sens du rebondissement et du coup de théâtre. Même manière d'abandonner ses héros dans une situation dramatique, voire apparemment insoluble, en fin d'épisode, pour y offrir une issue inattendue lors du chapitre suivant.

 

XIII_t6.jpgUne tendance qui s'affirmera de plus en plus dans Thorgal, mais qui est, dès le premier épisode, au cœur de la série XIII.

Blessé par balle, le héros porte tatoué sur le bras l'inscription XIII en chiffres romains. Il s'échoue, évanoui, sur la plage et est recueilli par un couple de personnes âgées. À peine a-t-il le temps de s'attacher à eux et de retrouver la santé que des tueurs surgissent dans ce havre de paix. Mais notre homme a la peau dure et des réflexes à toute épreuve et s'il ne parvient pas à protéger ses hôtes, il triomphera de ces pros du meurtre. Qui sont-ils et surtout qui est-il, lui ? Qui en a fait une telle machine de guerre? Et dans quel but ?

 

XIIICes questions hanteront les 18 albums de XIII, tenant en haleine des millions de lecteurs à travers le monde. Car rien n'est stable ni évident en ce qui concerne son identité, chaque indice tendant à l'égarer sur une fausse piste. Rien n'est plus facile à manipuler qu'un homme d'action amnésique. Sinon fabriquer des preuves.

 

Dès le premier épisode, on lui prouve qu'il est l'assassin du président des États-Unis. Qu'il était le soldat d'élite Steve Rowland, porté disparu depuis plus d'un an dans un crash d'hélicoptère. Et ce n'est là qu'un début … XIII, homme sans identité, ou jouissant au contraire d'identités multiples ? Un mystère qui ne sera résolu que dans le dernier album.

 

xiii-t-9-pour-maria-van-hamme-jean-vance-william-bande-des

Il a des ennemis acharnés et puissants. Non content d'avoir à ses trousses un tueur redoutable, La Mangouste, qui fait de sa poursuite une affaire personnelle, il se met progressivement à dos le FBI, la Mafia, la CIA et le Président de la République.

 

Pourtant, notre héros déjoue tous les pièges qui lui sont tendus. Formé à faire front en toutes circonstances. Mais ce n'est pas le seul atout dans sa manche.

 

Comme Thorgal, le bel amnésique séduit sur son passage hommes et femmes de tous âges. Il est entier, loyal, droit, fiable, même si plus fidèle en amitié qu'en amour. Et c'est ici que la série opère une transition de taille, qui la fait entrer de plain pied dans notre époque : à la famille de sang de son héros viking, Van Hamme substitue la famille de cœur, la tribu, qui se formera au fur et à mesure des épisodes. Le Général Carington, le Major Jones, le colonel Amos, le Marquis de Préseau, et le major Betty.

 

 

Une intrigue échevelée aux rebondissements perpétuels, des femmes d'action, des archétypes puissamment revitalisés et réactualisés, XIII devient vite une série culte, si populaire qu'elle déclenche un merchandising des plus rares en BD. Jeu à gratter, jeu vidéo, film TV en deux épisodes. Chaque nouvel épisode est annoncé par des affiches gigantesques, jusqu'à la conclusion avec "Le dernier round", efficace mais sans surprise. Bien sûr, certains albums nous laissent un peu sur notre faim. Je pense notamment à "L'or de Monte Cristo" avec son abus de dessins pleine page ou à "Lâchez les chiens", XIII mystery couv2trépidant certes mais ne donnant aucune nouvelle information sur l'identité de XIII. Mais ce n'est que pour mieux nous éblouir à l'épisode suivant.

 

Et l'un dans l'autre, Van Hamme aura réussi à nous tenir en haleine pendant 23 ans, au fil de 19 albums !

 

Si en 2007, Van Hamme lâche l'affaire, le mythe aura marqué plusieurs générations. À tel point que son éditeur décide de relancer la "franchise" avec une vraie bonne idée : faire de chaque personnage secondaire (et dieu sait s'ils fourmillent dans XIII) le héros d'un album. Pour chacun d'entre eux, un scénariste et un dessinateur différent, n'ayant jamais œuvré ensemble.

 

Ainsi naît la série XIII Mystery. Pari réussi avec un premier épisode qui parvient à donner chair et émotion à la Mangouste.

 

 

 

 

Pascal Perrot, texte

Gracia Bejjani-Perrot, graphisme

 

Publié dans avec ou sans bulles

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• Ciné en bref : Tron l'héritage, une séquelle qui prend l'eau…

Publié le par brouillons-de-culture.fr

Tron-legacy.jpg

 

Offrir une suite, près de trente ans après, à un film qui avait, visuellement et techniquement vingt ans d'avance sur son époque est une fausse bonne idée. Car c'est prendre le risque d'avoir une dizaine d'années de retard !

 

Tron l'héritage (sortie en salle le 9 février 2011) étire en longueur deux ou trois trouvailles bienvenues. Pour le reste, on s'ennuie ferme.

 

Rarement la 3D aura été si peu justifiée et si mal utilisée. Même l'immense Jeff Bridges (Fisher King) cabotine en roue libre, c'est dire…

 

 

Pascal Perrot

 

Publié dans brèves de culture

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