Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

spectacle... vivant !

• Akram Khan, Gnosis

Publié le par brouillons-de-culture.fr

Akram Khan et ses musiciens. Éblouissants. Imprévu moment de jubilation. De plaisir brut. Comme nous en octroie la grâce du hasard.

Retenue par des vacances non programmées quand elle avait réservé sa place, mon amie Fatima me propose le billet. Danse, Inde : j'accepte sans connaître le travail du chorégraphe et de sa compagnie. J'ai même peur de zapper la date. "Le 15 mai, le 15 mai... Théâtre des Abbesses... Akram Khan, le 15 mai... "

 

De ces spectacles où vous réalisez subitement que vous oubliez de respirer. Involontaire record d'apnée. Pas de suspens d'intrigue comme dans un film, mais sens en suspens. Tout en soi suspendu à ces instants.

Il y a heureusement des moments où mon attention/tension se relâchent, j'accroche moins. Tant mieux, je retrouve mon souffle. Très brefs moments, je suis de nouveau empoignée. Sans plus de répit, jusqu'aux salves d'applaudissements en fin de spectacle.

 

 

Gnosis, en deux parties.

La première, un solo. Kathak, danse traditionnelle indienne. Mais peut-on vraiment qualifier de solo cette chorégraphie quand les musiciens accompagnent si pleinement le danseur ? Soudés à ses mouvements, comme s'ils les exécutaient eux-mêmes dans l'ombre sonore. Soudés et autonomes. Tabla, sarod, violoncellie, vocalises, percussions de tambours taiko.

L'énergie circule entre musique, danse, voix. S'amplifie de leurs entrelacs. Gonfle, éclate... et je me retiens d'applaudir au milieu d'un enchaînement.

 

image_86.jpgSur scène, Akram Khan alterne ses prises, calligraphies de l'espace. Saccadées, arrondies, volubiles... Accélérations suivies d'arrêts brusques. Taversées de plateau. Suspension de mouvements. Vitesse, ralentissement. Une chorégraphie de ruptures, de contrastes. Où l'harmonie s'attise de ces oppositions.

 

Et ça repart. Bras, doigts, visage... Tout de lui participe. En grâce, en puissance. De ses pieds, il frappe le sol et déchaîne les grelots qui enlacent ses chevilles. Le rythme embrase l'air. Et c'est dans mon corps que les percussions lui répondent. Contre ma peau qu'elles battent leur cadence. Dans mon sang.

image_84.jpg 

La deuxième partie, un duo avec la percussionniste japonaise Yoshie Sunahata. Une des musiciennes de la première partie. Mais aussi danseuse. Chanteuse. Mélange de puissance et de douceur énergique. De stabilité au sol et de délicatesse. Une femme aveugle, un homme, un bâton. Une voix qui chuchote par moments. Et la musique toujours. Mouvements à deux. En phase, dissociés. Une autre émotion. Plus souterraine.

 

Et de nouveau la grâce s'empare de l'instant quand Akram Khan se met à tourner sur lui-même. A tourner autour de cette femme au centre. Derviche dont l'élan s'interrompt sur une chute au sol. Abandon maîtrisé. L'immobilité après l'ivresse.

D'autres moments de suspension, comme ce tableau où le danseur tremble. Secousses vigoureuses. Tremble, tremble, tremble jusqu'à devenir une corde de musique. Diapason vibreur. Un corps en cordes.

 

 

Gracia Bejjani-Perrot

 

 

image_85.jpg

 

Les photos sont © Richard Haughton 

 

Le 15 mai, c'était la dernière de Gnosis à Paris, au Théâtre des Abbesses. Mais pour les chanceux qui seront du côté de Montpellier en juin, deux dates se jouent encore. Les 23 et 24 juin, à l'Agora Cité internationale de la danse - Montpellier. Dans le cadre du Festival Montpellier danse 2010.

 

Akram Khan danse avec

• Yoshie Sunahata : percussions tambours taiko - danse - chant

• Faheem Mazahar : chant

• Sanju Sahai : tabla

• Soumik Datta : sarod

• Lucy Railton : violoncelle

 

Publié dans spectacle... vivant !

Partager cet article
Repost0

<< < 1 2