• Julien Beneyton : peindre vrai
Julien Beneyton peint vrai. Sans se laisser happer par les sirènes de l'hyperréalisme qui, passé l'effet de surprise - est-ce une photo ou un tableau ? - se révèlerait rapidement un brillant mais vain exercice de style. Sans sacrifier aux dieux de l'abstraction, terre d'exploration qui s'avère limitée quand on ne possède pas le génie d'un Delaunay ou d'un Kandinsky.
Il faut pour cela inventer un autre langage, envisager autrement le figuratif. Et la tâche n'est pas à portée de tous. C'est avec une décomplexion qui ne manque pas de panache que depuis quelques années s'y attache Julien Beneyton. Le trait est précis, incisif, ancré dans une contemporanéité qui relève de l'évidence. Mais on le sait, tout ce qui semble couler de source découle d'un travail, d'une réflexion.
Beneyton mixe de nombreux styles qu'il transforme en sa griffe unique, reconnaissable au premier coup d'œil. Il ne s'y soumet pas. Mieux, il les dompte pour les engager dans sa direction. Ce qui exige une volonté de fer. S'il absorbe quelques effets de l'hyperréalisme, il les percute aussitôt avec des emprunts à l'art naïf. S'il intègre l'univers du graph, c'est pour mieux l'amener sur son propre territoire. Ses tableaux fourmillent de détails, qu'on ne peut embrasser d'un seul regard, et qui disent notre réalité sans fard.
Définir Julien Beneyton comme un Douanier Rousseau qui aurait rencontré Basquiat et Norman Rockwell serait un raccourci tentant.
Mais ne saurait en résumer le style, tant celui-ci demeure unique. Portraits vérité fourmillants de vie, fresques des rues new-yorkaises ou de semi-bidonvilles, rappeurs saisis au plus vif de l'instant, en concert ou dans leur intimité.
Ou sculpture de SDF endormi sous des cartons et entouré d'objets, si réaliste que j'ai un temps cru qu'on avait squatté le lieu de l'exposition.
Julien Beneyton multiplie les talents. Il nous donne à voir et à réfléchir, au travers du miroir abrupt de ses toiles. Lesquelles sont en trois dimensions, les côtés révélant des détails, anecdotiques ou essentiels, qui enrichissent et éclairent parfois son "état des lieux".
En un mot précipitez-vous à l'expo qui lui est consacrée à la Maison des Arts de Malakoff. Le cadre est agréable. Le choix d'espacer les tableaux, de les laisser "respirer" permet de prendre son temps pour entrer dans l'univers de l'artiste. Le nombre d'œuvres exposé peut nous laisser sur notre faim, mais il permet également de prendre le temps de voir chacun des éléments qui composent les toiles. Ce qui n'est pas à négliger, une seule vision ne saurait tous les embrasser…
Pascal Perrot, texte
Gracia Bejjani-Perrot, graphisme
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Pour plus de détails sur l'exposition voir ICI
Julien Beneyton - A la régulière
15 janvier - 27 mars 2011
entrée libre
Maison des Arts de Malakoff
105, av du 12 février 1934 - 92240 Malakoff
Métro : Malakoff-Plateau de Vanves
mercredi au vendredi de 12h à 18h - samedi et dimanche de 14h à 19h
Tél. : 01 47 35 96 94