• Lubitsch à la cinémathèque, un cinéma nommé désir

Publié le par brouillons-de-culture.fr

 

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Pénélope Cruz et Malcolm McDowell sur fond noir, yeux plantés dans les nôtres. Cernés d'un halo contrasté de lumières, de couleurs... suggestions d'ambiances et d'univers. Des affiches disséminées dans les couloirs du métro parisien depuis la rentrée. Pour un bref aperçu de la saison 2010/2011 de la Cinémathèque Française.

 

Le programme ? Il mérite le coup d'oeil ici, crayon et agenda à la main. Mais avant de planifier les mois à venir, la rétrospective Lubitsch "ne peut pas attendre". L'intégrale ! Oh heaven !

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Je n'étais pas retournée à la Cinémathèque depuis des lustres... lieu de prédilection /perdition que je hantais pourtant sans répit à mon arrivée en France. Depuis, en dépit d'une programmation toujours de qualité, il a fallu Lubitsch pour me décider à revenir à mes anciennes amours.

 

La Cinémathèque a déménagé entre temps, plusieurs fois. Pour finir par trouver son lieu. Bercy. Superbe cadre, des volumes magnifiques, lumineux, ; baies vitrées qui donnent sur un parc... Une architecture signée Frank Gehry.

 

Tout beau, tout neuf. Mais quelque chose d'unique subsiste de ce que j'ai connu, il y a près de 20 ans. La Cinémathèque's touch ? Ce "truc" que je n'avais plus vécu depuis. Nulle part ailleurs.

Et là, comme par magie, ça recommence ! Les autres, nous... dans un même mouvement, comme galvanisés, à peine sortis d'une séance, nous voilà à refaire la queue pour la séance suivante. Une 3ème parfois. Dans la même lancée.  Les yeux encore exorbités d'images en noir et blanc, bouche molle de plaisir. Pas une 4ème quand même, si ?

Est-ce l'effet cinémathèque ? Un public mordu ? Ou Lubitsch et sa fameuse touche si difficile à définir ?

 

 

Indicible mélange de tendresse, d'humour, de grâce. Un ton décalé, joyeux, ludique. Immoral... Dieu que ça fait du bien cette immoralité ! Des films d'époque, défiant tout cloisonnement dans quelconque époque.

Tout Lubitsch, le temps d'une rétrospective ! To Lubitsch and to Lubitsch, sans hésitation. "The Shop around the corner", "To be or not to be", "Sérénade à trois"... Tout Lubitsch ! à voir, à revoir.

 

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Les ingrédients du plaisir ? Si je devais en donner la quintessence, je parlerais de DESIR. Le cinéma de Lubitsch, c'est du désir around all corners.

De l'espièglerie qui joue de sous-entendus dans les répliques. Dans l'esquisse des personnages, telle l'héroïne de "La Folle ingénue" passionnée de plomberie. Cluny Brown qui déclare ne pas pouvoir résister à l'appel des tuyaux..."Bang, bang, bang !" photo-lubitsch.jpg

Les personnages secondaires sont également délicieux, même quand ils sont ridicules. Exemple dans ce même film, Sir Henry Carmel. Un Sir de ce qu'il y a de plus "normal", de plus "sain". Pour lui, Hitler est l'auteur d'un livre sur la vie en plein air : "Mon camp". Il n'est pas fou, à  moins que ça ne soit folie ordinaire, cette coupure complète avec l'actualité, avec le monde ? Lubitsch ne s'y attarde pas. Il suggère avec subtilité, slalome entre plusieurs univers, avec pour viatique l'humour. Décalages burlesques, jeux de situation. Du pur cinéma. Jouissif. Sans inhibition. Où tout est toujours possible, jusqu'aux retournements les plus improbables. 

 

Quelques extraits pour un avant-goût ou pour des réminiscences :

 


 


 

Lubitsch, Capra, Wilder... je n'aime pas le passéisme, je ne dirais pas qu'avant, c'était mieux, mais j'ai pour ce cinéma-là un amour particulier. Le juste retour du bonheur qu'il me procure. Il tient aux émotions directes, simples. Qui me prennent, corps et coeur. Sans truchement. Saisie, directement dans la chair !

 

J'avoue : je pleure en regardant les films de Lubitsch. Je pleure, non de joie, mais dans la joie. Et surtout, sans aucune idée de la raison de ces larmes. Sans mots autour. Ou juste : "C'est le meilleur film que j'ai jamais vu !!!" Mais je le dis aussi d'"Elephant Man". De "L'Homme de la rue"... Comme dans Lubitsch, peu importe alors la valeur objective de ce cri, seule compte l'émotion qui le soutient. Une autre vérité, tout en décalage.

 

Allez, un petit dernier pour la route ?

 

 

 

Gracia Bejjani-Perrot

 

 

Rétrospective Ernst Lubitsch

du 25 août au 10 octobre 2010

La Cinémathèque Française

51, rue de Bercy

75012 Paris

Tel : 01 71 19 33 33

Publié dans sur grand écran

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Commenter cet article
B
<br /> Mince j'ai raté cette rétrospective pourtant ton article donnait vraiment envie de courir à la cinémathèque...<br /> C'est de ma faute, je n'avais qu'à passer par là plus tôt !<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Merci Gracia Pour cet article<br /> Merci de me faire partager tes mots<br /> A bientôt de te voir<br /> Laure<br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> à tout bientôt Laure et merci d'être passée par brouillons de culture !<br /> <br /> <br /> <br />